Sujet Agreg document 11

Publié le 29 Novembre 2006

Doc 11 Urbanisation et mobilité


INTERNET ACTU - Fing - Inist/CNRS

    Plus de la moitié de la population mondiale vivra dans une ville en 2030, contre seulement 10% en 1900. Le 21e siècle sera urbain. Mais la ville de 2030 ressemblera assez peu à celle du XXe siècle : de plus en plus étalée et multipolaire, diverse et fragmentée, pénétrée de réseaux et insérée dans les circuits mondiaux d’échange, autonome vis-à-vis des Etats-nations, préoccupée de son "empreinte écologique" mais aussi des tensions sociales en son sein, cette ville se réinvente en profondeur. Les technologies jouent un rôle important dans cette mutation, qu’il s’agisse d’aider les citadins à organiser l’écheveau complexe de leurs relations, leurs occupations et leurs déplacements ; de favoriser une production et une distribution de plus en plus flexibles, en temps réel et connectée à de multiples réseaux ; et d’organiser l’échange entre les citoyens avec, ou parfois contre, les institutions de la ville [1].

Tendances lourdes

Un mouvement historique d’urbanisation
En 2030 60% de la population mondiale sera urbaine. 5 milliards d’individus peupleront les mégapoles et agglomérations déca-millionnaires réparties sur tout le globe, ainsi que les villes moyennes, souvent englobées dans des ensembles plus larges. Le rythme de cette urbanisation généralisée s’est accéléré avec la montée en puissance des pays émergents, Asie en tête : la Chine construira d’ici 2020 près de 400 villes nouvelles pour y accueillir les 300 millions de ruraux candidats, ou condamnés, à l’exode. Opération qui figure déjà comme la migration la plus spectaculaire de l’histoire.

Deux régimes d’urbanisation coexistent dans le monde. L’un accéléré, récent, porté par la croissance démographique et l’exode rural, parfois planifié par les autorités politiques et administratives (Asie du Sud-Est, Chine…), parfois anarchique (Afrique, Bangladesh…). L’autre ralenti, ayant atteint une forme d’équilibre rural/urbain, visant la qualité de vie, de plus en plus extensif à partir des centres urbains historiques.

De la Ville à l’Urbain
On est passé, tout au long du 20e siècle, de la ville à l’urbain. La ville européenne dense s’étale, d’abord de manière régulière (les banlieues), de plus en plus de manière multipolaire (des pôles urbains dynamiques et vivants organisés en "archipels", se prolongeant eux-mêmes par des zones peu denses d’habitat individuel). Les villes étendues couvrent une part croissante du territoire et deviennent en même temps plus diverses et complexes, voire fragmentées. On ne vit plus où l’on travaille, on consomme encore ailleurs, les amis vivent loin, les appartenances se multiplient.
L’extension territoriale des villes a, dans un même mouvement, agrandi les agglomérations et affaibli la "cité". Dans l’aire urbaine multipolaire cohabitent une ou plusieurs villes centres, une banlieue, plusieurs communes périurbaines, avec trois dynamiques, trois régimes de ville qui tendent à s’ignorer :
    * Une péri-urbanisation choisie, d’espace (habitat individuel dominant), de voisinage, souvent construite en boucle (lotissements), qui a une double propension au mouvement (il faut bouger pour travailler, consommer, se distraire) et à la sécurisation des espaces privés et publics.
    * Une "gentrification" des centres-villes, souvent historiquement populaires, désormais investis par une classe d’individus mobiles, intégrés, soucieux de profiter de la ville historique, de la ville musée, de la ville plaisir – au prix, si nécessaire, de la relégation des populations précarisées.
    * L’enclavement de zones de relégation (barres, cités, friches) dans lesquelles on ne choisit pas d’habiter, faiblement reliées avec le reste de la ville, dont on n’en sort pas facilement, où la promotion sociale est compromise, où le sentiment d’insécurité domine, où espaces et services publics se dégradent. Dans ces zones, la régulation devient souvent communautaire, ce qui contribue encore au sentiment d’être à part.

Développement durable et empreinte écologique [2]
Le paradigme du développement durable oriente déjà en profondeur les réflexions et pratiques des acteurs de l’urbanisme, toutes catégories confondues, à qui l’on demande désormais de maintenir la qualité de l’air, de gérer l’eau, de traiter les déchets, d’économiser l’énergie, de privilégier la qualité de vie des habitants, de préserver la biodiversité urbaine, de chasser le bruit, de renforcer l’accessibilité… Dans les prochaines années cette tendance se renforcera, quel que soit le régime urbain.

Certains pays ont mis en pratique ces principes dans le cadre d’expérimentations d’éco-quartiers, comme celui de BedZed, en Angleterre, ou de construction d’une éco-ville, comme celle de Dongtan en Chine (500 000 habitants prévus en 2050).
Dans les deux cas on retrouve les mêmes idées directrices : recours maximal aux ressources locales, à la réutilisation et au recyclage ; développement économique local renforcé ; design des logements pensé en terme d’efficience énergétique et de qualité de vie (isolation, ensoleillement, terrasses et jardinets, système de ventilation avec récupération de la chaleur…) ; recours aux énergies renouvelables, récupération des eaux de pluie pour les toilettes, chaleur récupérée et panneaux photovoltaïques sur les façades. A BedZed, la consommation énergétique est inférieure de 70% aux quartiers traditionnels, et le volume des déchets de 75 %. L’électricité produite permet même de recharger des véhicules électriques partagés mis à la disposition des habitants.

Daniel Kaplan et Thierry Marcou

 

1. Cette synthèse sur la ville et la mobilité constitue l’un des 10 dossiers de prospective publiés à l’occasion de Ci’Num 2006. Tous ces dossiers sont disponibles en ligne.

2. L’empreinte écologique a pour objectif d’évaluer la charge écologique correspondant à une activité, une population, une nation… en d’autres termes, la surface et les ressources nécessaires pour maintenir un niveau de vie constant et assurer l’élimination des déchets produits.

* Internet Actu se consacre aux enjeux de l'internet, aux usages innovants qu'il permet et aux recherches qui en découlent. Publié par la Fing, son indépendance est assurée par un comité d'orientation composé de 14 partenaires.
http://www.internetactu.net/?p=6646

Rédigé par François Arnal

Publié dans #agrégation interne géo développement durable 6-12-

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